MES DERNIÈRES ANÉES sont impatientés de mon pinceau maladroit et se sont envo- lés chacun de leur côté. Je m'accroche à leurs chaussures boueuses et leur hurle de m'attendre. Si je n'élabore pas un nouveau plan de bataille, c'est moi qui vais perdre so souffle le premier. Bref, ce roman n'est pas très drôle. Il n'est fait que de poses. Ce genre de livre, qu'on en écrive une page ou cent, ça revient au même. Mai ça, je le savais depuis le debut. J'étais optimiste en espérant qu'au moins un élément sin- cère sortirait de ce que j'étais en train d'écrire. Quelle pré- tention de ma part. Je suis prétentieux, mai n'ai-je pas au moins un bon côté? Désespérant de mon style puant et bavard, je traque quand méme dans le moindre recoin "au moins une bonne chose, au moins une". Ce faisant, je com- mence à me raidir à vue d'œil:c'est que j'ai claqué. Ah! un roman, on ne doit l'écrire que sans arrière-pensée. Avec de bons sentiments, on ne fait pas de la bonne littérature. Qu'est-ce que j'ai pu être bête - et que ce mot contienne les pires choses! Si l'on n'est pas dans un état extatique, jamais on ne pourra écrire un roman. Si un mot ou une phrase rebondit dans votre cœur en dix sens différents, il Yôzô, de Hida ou encore de Kosuge, ils n'ont nul besoin de toute façon, on sait d'où ils viennent. Sois mièvre, son mièvre. Spontané, sans réfléchir. Ce soir-là, la nuit était déjà bien avancée quand le frère ainé de Yôzô vint le voir à la clinique. Yôzô jouait cartes avec Hida et Kosuge. la vielle, lorsque le frère venu pour la première fois, il me semble qu'ils jo aussi tous les trois. Mais il ne faudrait pas croire sent leurs journées des cartes à la main. Au contraire, peut dire qu'ils détestent jouer. Ils ne sortent des cartes que lorsqu'ils s'ennuient ferme. En outre, ils évitent les jeux oe